Mal nommer les choses

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Ici on s'honore du titre de Citoyen

Introduction

Selon ce qu’aurait dit le célèbre écrivain Albert Camus, « Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde. ». Les scientifiques mettent un point d’honneur à employer un langage précis consistant- à nommer un chat un chat ! Mal nommer est meurtrier, les mots ont la force des armes les plus redoutables ! Les mots peuvent tuer. Nous n’en sommes pas là mais les évènements de ces derniers jours montrent combien l’emploi de termes recouvrant plusieurs concepts peut nuire. Il s’agit de l’environnement, de l’écologie, de l’intérêt général et des lobbys.

Ecologie dites-vous ?

L’écologie scientifique et les écologues (scientifiques) étudient notre environnement en faisant appel à d’autres sciences auxiliaires comme la climatologie, la pédologie (science du sol), l’océanologie, l’économie, … pour ne citer que les principales. L’écologie politique et les écologistes (politiciens) essaient de défendre l’intégrité de notre environnement et de notre santé en dégageant une doctrine politique qui peut devenir politicienne et en s’appuyant sur les scientifiques, autant que possible.

Défendre l’environnement est une cause d’intérêt général, soit par la politique soit par la science ou les deux ensemble. Cet intérêt général est une cause noble, elle défend l’avenir de l’espèce humaine, cette espèce animale qui est la seule à détruire son environnement au nom de la satisfaction d’intérêts particuliers intéressés par l’appât du gain et l’appropriation des ressources naturelles. Le terme anglais « lobby » et ses dérivés est à proscrire au profit du terme français groupe de pression (GDP). Les lobbyistes ou agents de pression exercent leur art auprès des décideurs politiques, soit pour défendre l’intérêt général ou pour défendre des intérêts privés. Les premiers sont très respectables dans la mesure où ils défendent le « bien public », généralement au sein d’associations. Les seconds, surtout s’ils défendent les intérêts de grands groupes économiques suscitent la suspicion sur leurs méthodes parfois à la limite de la légalité. Certains emploient à leur sujet le terme de « visiteurs du soir » ! Sont-ils légitimes ?

La légitimité est un concept qui se définit d’abord comme ce qui est conforme aux lois, dans un système de gouvernement. Le nôtre est la démocratie, nos lois ont été votées par des instances élues démocratiquement. Mais depuis les progrés de l’écologie. Comme science, l’écologie s’affirme dans la seconde moitié du XXe siècle. Le terme a été inventé en 1866 par Ernst Haeckel, biologiste allemand. L’école française d’écologie scientifique émerge au début du XXe siècle avec G. Bonnier et Ch. Flahault qui transforment l’approche descriptive des organismes vivants en une approche expérimentale. L. Emberger puis Ch. Sauvage (mon maître) créeront le Centre d’Etudes Phytosociologiques (CEPE) du CNRS à Montpellier, en 1961, qui deviendra le Centre d’Ecologie Fonctionnelle et Evolutive en 1988 (CEFE, UMR 5175 CNRS), le plus important des centres de recherches de France. Ceci est pour préciser que la recherche tant nationale qu’internationale en écologie existe bien avec des scientifiques compétents et reconnus. Deux cent ans de recherches internationales on fait émerger les lois scientifiques qui régissent les relations entre les êtres vivants (et notamment les êtres humains) avec les milieux de vie de la planète Terre (sols, atmosphère, océans, …).Ces lois sont intangibles même si elles ne sont pas inscrites dans nos Codes de lois. Elles régissent le fonctionnement de l’écosystème planétaire et des sous-écosystèmes.

Là se situe le nœud gordien : la prise en compte des lois de la nature et nos codes. Le conflit est là, entre les intérêts des groupes économiques à but lucratif et la préservation de la santé des citoyens appuyée sur les connaissances du fonctionnement des écosystèmes. Ces connaissances ont une légitimité scientifiquement établie, il y a urgence pour les rendre légales et légitimes de par la loi.

Ecologie politicienne dogmatique

Ici intervient l’écologie politique qui ne doit pas être appropriée par des idéologies politiciennes mais basée sur des résultats scientifiques. Il y a un toit de verre à faire sauter et le groupe de pression écologique trouve sa légitimité dans le souci de l’intérêt général, notamment de la santé des citoyens. L’attitude niant la réalité du changement climatique est tout simplement criminelle. Comme le souligne Nicolas Hulot, ministre démissionnaire, il y a urgence partout ! La maison brûle ! Glyphosate, plastiques, dégagement de carbone, hyper-cargos porte-conteneurs, hyper-navires de croisière consommateurs de fonds de cuves d’hydrocarbures, … La liste est longue ! Mal nommer les lanceurs d’alertes, le principe de précaution, les agents de pression est une grave responsabilité que prennent les journalistes des médias par ignorance ou insouciance de la gravité du problème et les groupes de pression qui agissent dans l’ombre dans nos institutions contre l’écologie scientifique.

Pierre RAHBI, écologiste que nous voulons honorer avec le chef Rahoni METUKTIRE (Amazonie)

observatoire phare

Signé : Le veilleur et lanceur d’alerte

Ecologiste indépendant et écologue fatigué

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